juliendelabacaLorsque je me trouvais à Montreal, tout le monde me disait que si j’avais le temps, New York était un passage obligatoire ! Sur le fond je n’y voyais aucun inconvénient, bien au contraire. Mais par quel mode de transports m’y rendre ? Le choix ne manque pas : avion, voiture de location, autocar, train… Chacun a ses avantages et inconvénients. Pour ma part, j’ai choisi d’utiliser celui qui me semblait le plus vertueux, sans vraiment savoir à quoi m’attendre : le train. Et c’est un voyage assez incroyable que je m’apprêtais à faire.
De nombreuses solutions
New York, et plus particulièrement Manhattan, est à moins de 600 kilomètres de Montréal. Voila pourquoi les Montréalais sont plutôt habitués à s’y rendre pour une virée entre potes. Après la voiture (souvent louée), un des modes les plus plébiscités est l’autocar. Il est plutôt économique (90€ A/R), fréquent (environ 10 départs par jour) et le trajet n’est pas si long : 8h00 le jour, 7h30 la nuit (comparés aux 6h15 de voiture). Côté compagnies, c’est plutôt simple : il y en a deux qui se partagent le marché : Greyhound Canada et Adirondack Trailways. Mais petit bémol dont vous parleront tous les Montréalais : chaque passager doit sortir du bus avec ses valises pour passer l’immigration en rentrant aux Etats-Unis. Il ne vaut mieux pas voyager en hiver avec -25°C !
Le train sera mon choix
De toute manière, j’avais décidé de prendre le train. Je ne sais pas pourquoi mais c’est la solution que j’avais privilégiée, même avant de regarder les autres possibilités. C’est sûrement dans les gènes ! Direction le site internet de l’opérateur Amtrak. Je découvre donc l’offre à ma disposition : “l’Adirondack propose un service quotidien. Montez à partir de n’importe quelle gare le long du trajet en direction du sud pour arriver directement à Manhattan, juste à temps pour profiter des restaurants et de la vie nocturne de New York”.
Cela parait plutôt séduisant. Je commence donc la réservation en ligne. Côté choix des horaires, c’est simple, vu qu’il n’y a qu’un seul train par jour à 10h20 le matin depuis Montréal pour une arrivée à 20h50 à NYC ! C’est donc plus de 10h de trajet, mais il faut dire qu’il y a presque 20 gares desservies tout au long du trajet. Côté tarif, 90$ l’aller-retour, c’est plutôt honnête. Je valide tout en ligne, et je m’occupe de réserver mon ESTA pour entrer sur le territoire américain sans encombre.
09h30 du matin, début de l’aventure
Me voila arrivé à la gare centrale de Montréal. Bon soyons honnêtes, on voit que le ferroviaire n’est pas une priorité en Amérique du Nord. Le bâtiment, qui date de 1943 a été un peu rafraîchi, mais il ne s’y passe plus grand chose depuis les années 70… C’est d’un style un peu “old school”. Mais peu importe. Me voilà prêt à attendre le départ, devant un escalator avec un simple panneau “Amtrack” qui indique que l’embarquement du train 68 (il porte le numéro 69 dans l’autre sens) commencera à 9h50. En réalité il n’y aura pas foule, et presque tout le monde utilise son smartphone pour héberger son billet… Heureusement, car l’embarquement est légèrement désorganisé.
Je m’en sors relativement bien, et me voila donc sur le quai. J’arrive nez à nez avec un train d’un style un peu curieux pour un français, puisque en sorte d’inox. J’apprendrai que l’on appelle ces voitures les “Amfleet“. Côté pratique, j’ai rapidement compris que le train était assez court (4+1 voitures) , que les places n’étaient pas numérotées et que les voitures étaient ouvertes les unes après les autres, au fur et à mesure de leur remplissage.
10h10 à bord d’un Amtrak !
Me voila à bord ! Je choisis ma place, et j’avoue me retrouver super bien installé. Beaucoup de place pour les jambes, un siège très large (je ne ferai aucun commentaire là-dessus, hein !). Le chauffage tourne à plein tube.
L’embarquement s’est fait sans trop d’encombre, les voyageurs avaient l’air plutôt habitués et chacun s’installe à son aise. Le voyage sera long !!! Départ à l’heure, mais une petite déception de mon côté : le train est tracté par une motrice diesel… Pour le volet écolo du trajet, on repassera. Je tente d’activer le wifi… Mais ça ne fonctionnera que par intermittence. Je décide donc d’ouvrir les yeux, et de regarder le paysage. Et que vous dire ?
Pour les passionnés du monde ferroviaire, c’est une légère stupéfaction… On sent que le train est poussif, et qu’il ralentit énormément dès le début du trajet. Il commence par emprunter des voies du CP Rail, en voie unique ce qui cause des problèmes de signalisation et d’attente aux croisement de convois. Puis une fois arrivé à la frontière, j’ai l’impression de me retrouver dans un mauvais film américain. Le train s’arrête, des “cow-boy” grimpent à bord et se lancent dans un protocole administratif pour rentrer sur le territoire de l’Oncle Sam, des plus… curieux : ils demandent à tous le monde de se rendre par petits groupes à la voiture bar (non chauffée ce jour-là), pour vérifier nos papiers, et payer une sorte de “droit de passage”… C’est long, pénible, et même une fois revenu à son siège, il faut encore attendre très longtemps jusqu’à ce que, enfin, le train veuille bien repartir, en territoire américain. Ici, en “zone Amtrak” ça roulera un peu mieux, même si le nombre d’arrêts sera assez incroyable.
Deux précisions intéressantes pour les passionnés de train :
- il y a un changement de motrice à Albany,
- à l’automne, Amtrak ajoute habituellement une voiture à dôme au train dans cette gare.
Pour les globe-trotters, c’est génial. Les paysages sont juste incroyables. Longer l’Hudson en train est un moment assez unique. Le trajet a été jugé par le National Geographic comme l’un des 10 plus beaux trajets en train au monde !!! Alors, plutôt que de vous raconter ce que j’ai vu, j’ai trouvé des vidéos tournées par des utilisateurs du train, dont certaines depuis le fameux dôme, que je n’ai pas eu l’occasion de tester. Pour ma part, je suis arrivé à New York Penn Station avec 1h10 de retard. Mais c’est visiblement du classique ici, vu que le taux de ponctualité de la ligne est d’à peine 68% !
Bref, vous l’aurez compris, vous ne choisirez pas ce train pour sa performance, mais pour tout ce qu’il représente !!! Alors, tentés par l’aventure ? #TeleportezVous
juliendelabaca
