Julian Scriven a un peu le job de rêve! Non seulement il est salarié de Brompton, ce qui en soit est déjà très classe, mais en plus, il dirige une branche plutôt sympa de la marque, à savoir le dispositif de location, baptisé Brompton Bike Hire (BBH).
Julian Scriven n’a pas atterri par hasard comme Directeur Général de Brompton Bike Hire. Auparavant, il a occupé plusieurs postes à responsabilité chez Nextbike, l’entreprise allemande présente dans 300 villes, et 20 pays dans le monde. Une expérience du “bike sharing” qui lui est sûrement aujourd’hui d’une grande aide pour piloter BBH !
C’est ce chanceux que j’ai eu le bonheur d’interviewer, afin de comprendre comment fonctionne BBH, comment il a été conçu, à qui il est destiné, et surtout, si un jour nous aurons la chance de le voir atterrir en France ! A vos marques, dépliez, pédalez !
Avant tout, d’où est venue l’idée d’un système de location ?
En réalité, la location existe depuis près de 12 ans chez Brompton. Elle répondait à un besoin très simple : permettre à des cyclistes d’utiliser un Brompton, même s’ils n’avaient pas les moyens de s’en acheter un. Il était donc possible d’emprunter un Brompton, avec ou sans abonnement. Avec la pandémie, nous avons fait évoluer notre offre et avons lancé un abonnement permettant de louer des vélos sur une base de tarif mensuelle ou annuelle. Aux intéressé.e.s de s’inscrire en ligne et de récupérer un vélo à la station Brompton la plus proche, ou de se le faire livrer à domicile.
En réalité, la location existe depuis près de 12 ans chez Brompton »
Aujourd’hui, notre offre de location est vaste… Il existe des stations virtuelles, idéales pour un déploiement en entreprises, ou pour les localisations rurales (coût d’investissement très faible). Nous proposons également des flottes mises à disposition. Des dispositifs d’abonnement annuel et mensuel. Enfin, nous proposons des box ou des casiers sécurisés à installer en intérieur.
La nouvelle version de BBH est donc le fruit d’une réflexion tout aussi intense que longue ! ce qui est assez classique chez Brompton. En réalité, notre cycle de développement et de déploiement est aussi particulièrement long car nous passons beaucoup de temps à tester, à améliorer, à écouter le retour de nos utilisateurs avant de réellement déployer un service.
Comment fonctionne la “nouvelle formule” ?
Le dispositif que nous avons récemment lancé a été imaginé comme le plus simple possible : exit les frais d’abonnement, le coût d’utilisation est fixe : 5 £ par jour (jusqu’à un mois d’utilisation possible) et l’assurance est incluse. Les clients peuvent retirer un vélo à partir du casier qui leur convient et le retourner à l’un des 70 points de location BBH dans le pays (35 dans et autour de Londres).
« La particularité du dispositif vient du fait que les clients réservent leur vélo ».
La particularité du dispositif vient du fait que les clients réservent leur vélo (chacun d’entre eux a même un nom !) via notre app en amont de la location. Ils sont donc sûrs et certains d’avoir un vélo quand ils en ont besoin. Notre système est donc vraiment complémentaire des VLS, qui eux ne peuvent pas être réservés à l’avance.
Entre votre dispositif et le “bike sharing”, quelles différences ?
Nos locations durent en moyenne 3,7 jours, contre environ 30 minutes pour un vélo en libre service (VLS). C’est un premier point très différenciant. Les VLS sont plutôt utilisés dans des logiques de déplacements réguliers, ou d’opportunités. Nos Brompton répondent à une demande de voyages d’affaires ou de loisirs. En terme économique également, le positionnement est sensiblement différent : un VLS sera moins cher pour un seul trajet, mais onéreux pour plusieurs trajets, à l’inverse de BBH. Enfin, le déploiement des VLS vise une couverture territoriale importante, alors que de notre côté, nous ciblons uniquement les lieux où la demande est forte.
Et tout passe par une application ?
Effectivement, la réservation se fait via notre app. Il est possible d’y localiser les “lockers”, puis de réserver un vélo pour le jour même ou le lendemain. Notre dispositif est aussi présent au sein de MaaS provider tels que Trafi. Nous sommes par ailleurs en discussion pour intégrer BBH dans Google Maps et Citymapper… mais nous buttons sur des questions de monétisation : ces applications veulent toujours plus de “customers” !
J’ajouterais qu’au-delà de notre application, nous offrons un support 24/24h sur Twitter et mettons à disposition un “customer service” tous les jours ouvrables.
Du côté du “locker”, avez vous innové ?
Le locker est un des piliers de notre proposition de valeur. Nous avons créé un système modulaire, qui permet de stocker entre 8 et 32 vélos (sur l’équivalent d’une place de parking voiture). Notre système peut être alimenté par l’énergie solaire ou par le réseau électrique, selon l’emplacement.
« Notre objectif est de fournir le docker le plus facile à installer mais aussi à déplacer ».
Notre objectif est de fournir le docker le plus facile à installer mais aussi à déplacer. Ainsi, lorsque nous pouvons éviter les branchements électriques, nous le faisons systématiquement. Et surtout… notre docker peut être installé sur pratiquement toutes les surfaces dures telles que le pavé, l’asphalte, le béton… et aucun permis de construire n’est nécessaire car il s’agit d’une structure temporaire. Evidemment, nos dockers sont disponibles 24/7.
Qui les demande ? Qui les paye ?
En fait, cela est très simple. Le déploiement est discuté avec tous types de partenaires. Aujourd’hui, il s’agit majoritairement d’administrations publiques (ex : ville), de promoteurs, et d’opérateurs de transports. Ces derniers financent l’installation du docker – pas plus cher qu’une station de VLS classique. Leur nom est d’ailleurs inscrit sur chaque docker déployé !
« Le déploiement n’est pas plus cher qu’une station de VLS classique ».
Ensuite, c’est nous qui prenons en charge l’exploitation. C’est donc à nous d’être rentables. C’est le schéma classique… même s’il est arrivé que nous ayons payé l’installation de certains dockers. J’ajouterais qu’aujourd’hui, notre pricing nous permet d’être globalement rentables.
Savez-vous qui sont vos utilisateurs ?
Nous avons basiquement trois types de profils qui utilisent BBH. Des navetteurs qui utilisent les services de banlieue puis nos vélos. Des personnes qui ont besoin d’un vélo en intermodalité pour des week-end, plus ou moins longs. Et enfin, des utilisateurs qui veulent réellement tester, puis finissent par acheter un Brompton. A ce sujet, je tiens à souligner qu’un utilisateur sur cinq qui loue un de nos vélos (avec l’ensemble de nos offres réunies) finit par en acheter un. Cela nous rend encore plus convaincus que rien ne peut mieux promouvoir le vélo en tant que mode de transport que le fait de l’essayer.
“Rien ne peut mieux promouvoir le vélo en tant que mode de transport que le fait de l’essayer”.
Enfin, j’ajouterais que 91% des déplacements réalisés par nos utilisateurs sont intermodaux (contre 49% pour les VLS) et 70% des vélos sont utilisés dans une logique A vers A (11% pour les VLS).
Comment envisagez-vous le développement de BBH ?
Notre objectif ultime, c’est que plus de citoyens utilisent le vélo. BBH est une entreprise qui se mesure, se challenge, au nombre de personnes qu’elle encourage à essayer le vélo (et à l’adopter) ! Nous travaillons énormément pour continuer à véhiculer ce message par le biais de notre marque, qui se veut très proche de ses utilisateurs.
« Nous envisageons la France d’ici deux ans ! »
BBH, au sein de Brompton, contribue à sa manière à cette dynamique et c’est d’ailleurs pour cela que le board nous laisse faire ! Nous avons même une feuille de route 😉 Nous avons planifié un pilote à New York, nous souhaitons continuer notre expérimentation en Allemagne avec la DB, et envisageons la France d’ici deux ans ! Nous prévoyons également de proposer une gamme plus large de Bromptons à nos utilisateurs.