Épisode 1 : bannir la voiture
Environ 85 couronnes (soit près de 9€), au prix fort et sans abonnement, c’est ce qui en coûtera à un Osloïte qui souhaite aller, à 9 heures du matin, de Visperud, à 14 km au Nord-Est de la ville jusqu’au quartier de l’Opéra au centre, au volant d’un véhicule thermique. Le péage urbain d’Oslo est clairement dissuasif. Son prix évolue en fonction du type de motorisation (le diesel étant largement plus touché qu’un véhicule hybride ou électrique), du poids du véhicule et de l’heure du déplacement. Et n’espérez pas une ristourne, la tendance est plutôt à la hausse depuis la mise en place du dispositif (un planificateur permet de calculer l’évolution des prix). Et sur le terrain, cela semble efficace : nous avons observé une diminution très importante du nombre de véhicules en circulation au fur et à mesure que nous nous rapprochions du centre et que l’on progressait dans les différents rings (anneaux).Un vrai plan dédié à l’espace public
Néanmoins, pour beaucoup, le péage urbain est aussi un dispositif discutable, notamment parce que les conducteurs les plus aisés peuvent se rendre au centre-ville, simplement en payant. Voilà pourquoi, la municipalité d’Oslo a souhaité aller plus loin et a décidé de supprimer totalement l’accès à certaines zones du centre-ville aux voitures. C’est le vaste projet appelé “car free livability programme”. L’idée est simple : en interdisant l’accès aux véhicules privés et en supprimant toutes les places de parking (plus de 700 au total), la municipalité a fait le choix de pacifier le centre afin de pouvoir développer des pistes cyclables élargies, des terrasses, des espaces verts, des jeux, des chaises ou encore des bancs. Des bancs… Dont Terje Elvsaas, Communication Advisor à la Mairie, nous expliquera l’importance stratégique au sein du programme : “Oslo était réputée pour avoir d’excellents cafés, mais pas la possibilité de s’asseoir dehors et profiter de l’espace public !”.Après la théorie, les adaptations nécessaires
Mais alors, une question nous brûle les lèvres. Cette transformation a-t-elle eut son lot de détracteurs ? La réponse est oui. Sur le front des péages urbains, le conseil municipal compte quatre membres de l’opposition d’un parti bien particulier, baptisé tout bonnement “the people’s movement against toll roads”… Coté “zone sans voiture”, la municipalité s’est heurtée à des commerçants du centre-ville peu favorables à sa démarche et qui ont su rapidement faire monter la sauce sur les réseaux sociaux ! Mais la mairesse et ses équipes ont su se montrer à l’écoute : ils ont assoupli une partie de leur programme, en maintenant de manière provisoire quelques rues mixtes (même si la place de la voiture a été fortement réduite). Ils ont également accordé plus de flexibilité en ce qui concerne les livraisons, sujet particulièrement sensible chez les commerçants.Un coup d’essai concluant
Et sur le terrain, juste après la fin du premier mandat, quelles ont été nos impressions ? Plusieurs sentiments se mélangent. Le premier, vraiment notable, c’est le calme qui règne en traversant une bonne partie de la “free car zone”… un vrai luxe en hypercentre. Le second est plus curieux : une impression de vide, notamment après 16 heures. Terje Elvsaas nous expliquera qu’en réalité, c’est surtout parce que la première zone traitée dans le cadre du plan est une zone de bureaux, certes traversée par près de 100 000 personnes au quotidien (surtout dans la partie ouest) mais habitée par seulement 1 000 habitants. Certaines mauvaises langues diront “facile d’aménager une telle zone” ! Qu’à cela ne tienne, le plan n’est pas prêt de s’arrêter et la zone délimitée par la mairie va bien au-delà des 1,3 km2 des premières rues aménagées. Le premier mandat a été l’occasion pour la municipalité de tester différents concepts mais désormais, en ce début de second mandat, l’équipe municipale veut enfoncer le clou ! Enfoncer le clou, cela signifie étendre la zone sans voiture bien sûr, mais aussi améliorer les connexions entre les quartiers, notamment via des pistes cyclables et améliorer la pratique des espaces publics… Notamment pour les enfants, les familles et les séniors. Pour leur donner plus de vie en quelque sorte ! Les travaux massifs aperçus un peu partout dans la ville ne sont donc pas prêts de s’arrêter : une dynamique est bel et bien en marche !La transition multimodale
Sans délaisser la logistique
Un modèle si vertueux ?
Épisode 3 : une offre de mobilité efficace
Un réseau de transport public performant
Je vous embarque dans un reportage spécial Ferry dans la série #TeleportezVous, si ça vous dit … cliquez !
Si le sujet de l’information voyageurs vous intéresse, je vous embarque découvrir la dynamique lancée par Entur, en Norvège, à l’échelle nationale, dans laquelle s’inscrit pleinement Oslo… Cliquez!
C’est notamment le cas des habitants présents sur les hauteurs… Même si certains ont la chance de déjà disposer d’une offre de métro… Je vous la fais découvrir ici, lors d’un épisode de #TeleportezVous… Cliquez!
Des efforts considérables sur les mobilités douces
Le piéton, tout simplement !
Quel succès ! Mais alors, la politique menée par la ville d’Oslo serait-elle exemplaire ? Elle est en tous cas remarquable particulièrement sur un point : la capitale norvégienne s’est dotée il y a deux ans d’un budget Climat, une première mondiale. Ainsi le climat est au cœur du budget municipal, de manière à en faire un sujet transversal et incontournable. Un sujet qui a irrigué l’action des sept départements municipaux, dont l’éducation, les transports, le développement urbain durable et la santé. Évidemment, le transport a été un secteur particulièrement ciblé par la municipalité, étant donné qu’il représentait à lui seul 60 % des émissions de CO2. Il est donc devenu une priorité. La mairie s’est alors lancée dans ce que tous les acteurs que nous avons rencontrés nous ont résumé de la sorte : “une transition rapide”. C’est en grande partie cette rapidité d’exécution qui a valu à Oslo son titre de “European Green Capital”en 2019. Parce qu’il y a quelques années, le constat était plus morose : problèmes de connexions entre le centre et ses quartiers, trafic routier important, infrastructures routières représentant souvent des barrières territoriales, manque de confort pour les piétons dans le centre-ville (“des bons cafés, mais pas de bancs !”), peu de prise en compte des enfants dans les aménagements et enfin, des connexions très peu efficientes entre le centre et les fjords. Il était donc urgent d’engager une mutation profonde. Comment ? Oslo a énormément communiqué sur son programme visant à supprimer les voitures du centre-ville. C’est facilement compréhensible, visible, et clairement efficace. Nous n’irons pas jusqu’à dire facile, car même en Norvège, les détracteurs ont été nombreux. Mais au-delà de cette image de ville sans voiture, nous avons observé qu’Oslo souhaite aller beaucoup plus loin et déploie des moyens importants pour créer une nouvelle vision décarbonée de l’ensemble des mobilités. Une politique que l’on pourrait synthétiser de la sorte : du moins, du mieux, et des alternatives.